Max Weber : l’anti-Marx

Le philosophe allemand Max Weber (1864-1920) a révolutionné la sociologie, jusque là dominée par une approche mécaniste et matérialiste héritée du marxisme. En schématisant, on pensait que les idées (opinions politiques, croyances religieuses, arts) étaient le reflet des réalités matérielles, sociales, économiques. Qu’elles venaient après, en étaient parfois le produit, mais n’avaient pas en elles-mêmes d’efficacité. « C’est une doctrine simpliste » affirme Max Weber, pour qui tous les éléments de la vie sociale entrent en interaction les uns avec les autres – ce qu’on appelle une sociologie compréhensive.

Il a magistralement donné une démonstration de sa méthode dans son œuvre principale, « l’éthique protestante et l’esprit du capitalisme ». Il y démontre, preuves historiques à l’appui, que sans Luther et Calvin, sans le dogme de la prédestination et les injonctions à mener une vie sobre et austère, l’accumulation du capital et la docilité de la classe ouvrière n’auraient pu se produire.

C’est l’exact contre-pied du matérialisme historique.

Le café philosophique du 7 novembre sera l’occasion d’examiner ces thèses et d’en débattre. Et de se demander comment elles s’exprimeraient aujourd’hui.

Jeudi 7 novembre à 18h30

Café-restaurant l’Antre-Potes, 39 rue de la république à Noizay

 

Bibliographie

 

« l’éthique protestante et l’esprit du capitalisme », chez Plon. Un gros bouquin mais facile à lire, si on néglige la quantité de notes en bas de page, et passionnant

 

« le savant et le politique », l’autre œuvre de Max Weber. Réflexion sur les deux attitudes face aux réalités sociales : militantisme ou responsabilité, et leurs conséquences sur les choix moraux.

il n’ y a pas d’amour parfait …

Ah, l’amour ! On le reconnaît à coup sûr, mais bien difficile de le définir, comme le reconnaît Francis Wolff, professeur émérite au département de philosophie de l’Ecole Normale Supérieure de la rue d’Ulm. Il est fait de tendresse, d’émotions, d’amitié, de sexe, de passion, de délices et de tortures. Le philosophe a distingué trois composantes de l’amour, qui se combinent – ou non. Pas toujours trois, parfois seulement deux, et pas toujours les mêmes au cours de la vie amoureuse. Bref un équilibre instable …

Jeudi 3 octobre à 18h30

café-restaurant l’Antre-Potes, 39 rue de la République à Noizay.

bibliographie

oeuvres de Francis Wolff, toutes publiées chez Fayard :

  • « il n’y a pas d’amour parfait »
  • « trois utopies comtemporaines »
  • « pourquoi la musique ? »

 

Kierkegaard : quelle vie choisir ?

Comment donner un sens à sa vie ? Comment choisir entre toutes les vies possibles  – celle d’un dandy, d’un mari fidèle, d’un religieux ? Le danois Soren Kierkegaard (1813-1855) a éprouvé la difficulté du choix, le premier qu’il a affronté étant d’épouser ou non la femme qu’il adorait.  Il a été rongé par l’angoisse de ne pas savoir, et souffert d’une profonde mélancolie, nom que l’on donnait alors à la dépression.

Ces thèmes annoncent avec un siècle d’avance l’ « existentialisme » de Jean-Paul Sartre et de ses contemporains. Mais l’apport et l’originalité de Kierkegaard est d’avoir défini trois « stades »  de l’existence humaine, qui sont comme des modes de vie, des styles de comportement : le stade esthétique (recherche des plaisirs), le stade moraliste (pratique du devoir) et le stade religieux.

Jeudi 6 juin à 18h30, café-restaurant l’Antre-Potes, 39 rue de la République à Noizay

populisme et démocratie, le 7 mars

Le prochain café philosophique aura lieu le jeudi 7 mars

Il sera consacré à l’examen de deux formes d’organisation de la vie politique : la démocratie représentative et le populisme. Il s’agira d’analyser les composantes du populisme, qui a déjà émergé en France dans le passé et auquel plusieurs Etats européens ont recours depuis peu. Pourquoi ? quelles sont ses racines ? sa force ? les raisons de la violence qu’il emploie ? Est-il « de gauche » ou « de droite » ? quel sens a l’appel du « peuple » contre l’Etat ? Comment peut aboutir son affrontement avec la démocratie parlementaire ?

Ces questions semblent surgir de l’actualité récente, mais elles ne datent pas d’hier. Spinoza lui-même a décrit en 1670 le phénomène du populisme, et de nombreux philosophes (Machiavel, Toqueville, Marx, Proudhon, Carl Schmitt…) ont réfléchi à l’articulation entre le peuple et le pouvoir central.

Nous leur demanderons leur aide afin de comprendre notre temps, ce point de vue évitant de tomber dans des débats « politiques ».

Jeudi 7 mars à 18h30, au café-restaurant l’Antre-Potes, 39 rue de la République à Noizay

Bibliographie

Brève introduction au populisme, par Cas Mudde et Cristobal Rovira Kaltwasser (édit de l’Aube). Une présentation simple des caractéristiques du populisme à travers le monde (ouvrage disponible dans la bibliothèque de l’association)

 Grammaire de la multitude, par Paolo Virno (éditions de l’Eclat et Conjonctures). Analyse passionnante des thèmes et de la stratégie du populisme

Pour un populisme de gauche, par Chantal Mouffe (édit Albin Michel). Comme son titre l’indique, un ouvrage engagé, mais dont les thèses, bien que polémiques, sont stimulantes. Lecture plus ardue.

Ces trois auteurs sont des professeurs de philosophie en activité.

 

 

 

C.G.Jung et l’aventure de l’inconscient

La séance du 7 février 2019 sera consacrée au philosophe C.G.Jung, fondateur d’une théorie de la psychanalyse différente de celle de Freud.

Pour nous en parler nous avons fait appel à Jean-Pierre Farnéa, pédopsychiatre à Tours. Voici comment il nous présente son intervention.

« Je vais essayer dans mes propos,  de vous présenter  » un  cheminement vers JUNG, une rencontre avec JUNG, une aventure avec JUNG « , en le replaçant dans « un contexte philosophique, phénoménologique et psychanalytique», et en insistant sur » sa spécificité« ; le  but est peut-être d’éveiller votre  curiosité, de mieux le comprendre, et  susciter le désir d’ouvrir des livres, en somme, de susciter « un désir de JUNG« , et peut-être comme moi de « s’imprégner de JUNG » (lecture de son autobiographie « ma vie », proximité de pensée, sentiment de partager avec lui ce qui me semblait inexprimable :il y a  les mots et l’indicible).

Mais parler de JUNG nécessite quelques préalables indispensables :pour comprendre et accéder à  JUNG, il nous faut évoquer FREUD  , comprendre les  notions  « d’inconscient» , donc de « conscient ou conscience » ,  la notion de «  psyché» qui ouvre le champ de« l’être ou la dimension ontologique du sujet » et donc  la notion de  « corps, esprit et âme » ; ces notions nous conduisent alors vers «  le champ de la spiritualité,  de la gnose, et de la religiosité » (chers à JUNG), et vers les concepts « d’immanence et de transcendance » .

Nous voilà ainsi confrontés  à un  « océan de concepts, de mots  et donc d’auteurs potentiels», qui vont nous éclairer sur JUNG : ses idées, ses théories, et en particulier « la notion d’inconscient individuel et d’inconscient collectif, la notion d’archétypes, la notion de processus d’individuation, la notion du Soi ou encore la notion  d’Imago-DEI

Je souhaite également   à travers mes propos que se rencontrent les champs de la philosophie et de la psychanalyse, où apparaissent quelques points communs de réflexion : la première s’abreuve à des concepts universels s’appuyant sur une forme de rationalité, la seconde procède du particulier, explorant les méandres de notre psyché dans ce qu’elle peut avoir de plus irrationnel.

J’aborderai donc successivement les points suivants : 1. LA PUISSANCE DE LA PENSEE : du « COGITO » de DESCARTES à l’  « INCONSCIENT » de FREUD 2. CONSCIENT ET INCONSCIENT COMME CONCEPT DE «  COMPLICITE ET PARTAGE D’UN SECRET » AU CŒUR DE LA PSYCHE 3. LE PRINCIPE TERNAIRE QUI REGIT LE FONCTIONNEMENT DE NOTRE ETRE : « Corps-Ame-Esprit »ou la PSYCHE comme incursion dans l’anthropologie philosophique, et comme lieu et moteur de la dimension métaphysique et ontologique du sujet 4. L’APOTHEOSE ET LA PERTINENCE JUNGIENNE ET SES CLES.

Je terminerai en insistant sur les perspectives actuelles  et modernes que peut nous offrir  JUNG. »

bibliographie

« ma vie » (souvenirs , rêves et pensées) 

  » l’homme et ses symboles » 

 « psychologie et alchimie » 

 l’âme et la vie » 

  « dialectique du moi et de l’inconscient » (disponible dans la bibliothèque de la Chouette)

  « le livre rouge »  …

Francis Bacon, l’esprit scientifique

Francis Bacon, précurseur de l’approche scientifique moderne

 Pour le café philosophique du 6 décembre nous nous intéresserons à l’esprit scientifique, en particulier à l’un de ses précurseurs, l’anglais Francis Bacon, dont les idées nous seront présentées par Philippe Destuynder[1].

Francis Bacon né en 1561 et mort en 1626, vécu en Angleterre sous le règne d’Elisabeth I, fille de Henri VIII, puis de Jacques I. Il fut un courtisan assidu de ce dernier et un redoutable dialecticien.

Son influence dans l’histoire des sciences est considérable et il a réussi par ses écrits, à convaincre ses descendants de la nécessité d’une transformation radicale de l’enseignement et du développement des connaissances. Son ennemi fut le dogmatisme de la scholastique issue de St Thomas d’Aquin, qui était devenue le cheval de bataille de l’église chrétienne pour imposer ses croyances. Pour Bacon, l’important dans la compréhension de l’univers, est l’explication des causes de façon rationnelle et compréhensible par tous ceux qui acceptent d’investir un minimum. Il a réfuté avec force le recours à une divinité ou une hypothèse esthétique mais sans fondement comme le faisait Aristote. Plutôt que de se plonger dans des écrits approximatifs ou relevant plus des contes et légendes, il propose une analyse rigoureuse des faits observables afin de construire par le raisonnement une explication acceptable par tout un chacun.

 Bien entendu, sa démarche fut combattue par les religieux de tous bords. Ce n’est que plus de 20 ans après sa mort que ses idées furent mises en valeur. Tout d’abord dans le cadre d’une société secrète souvent appelée l’invisible collège, devenue officiellement en 1660 The Royal Society grâce au roi Charles II d’Angleterre et son frère Jacques II. Cela a permis à cette démarche de s’imposer au monde et permettre ainsi les découvertes majeures qui ont jalonné le XVIIIème siècle, à commencer par la gravitation de Isaac Newton. La devise de La Société Royale de Londres est: Ne croire personne sur parole . Elle affirme la volonté d’établir des vérités scientifiques sans recourir à l’autoritarisme et à l’arbitraire, mais en s’appuyant sur l’expérience reproductible et le raisonnement partagé par ses pairs.

Cette discussion autour de l’oeuvre de Francis Bacon  se propose d’amorcer un échange sur l’enseignement que l’on peut retirer des travaux de ce philosophe pour des citoyens du XXIème siècle.

Bibliographie

 Francis Bacon, Du progrès et de la promotion des savoirs, Gallimard, (1991).

[

1] Philippe Destuynder est professeur retraité de mathématique et de mécanique théorique au CNAM, à l’Ecole centrale et à l’Ecole Polytechnique

Rousseau : la non-école

« Tout est bien sortant des mains de l’Auteur des choses, tout dégénère entre les mains de l’homme ». Logiquement, il faut dans l’éducation d’un enfant préserver au maximum sa part de « nature »; plutôt que de le « remplir » de connaissances, de modes de comportement, il faut le protéger contre tout apport de la société afin de laisser libre cours à ses dons naturels. Rousseau explique dans « Emile » comment mener cette « éducation négative » en prenant l’exemple d’Emile que l’on suit de la naissance à l’âge adulte. Ce véritable traité de pédagogie, souvent passionnant (sauf en ce qui concerne l’éducation des filles) est cependant fort dirigiste, et suppose l’intervention d’un précepteur très cultivé, lui.

Le 4 octobre à 18h30, café-restaurant l’Antre-Potes, 39 rue de la République à Noizay

bibliographie

« Emile, ou de l’éducation » (chez Garnier Flammarion). Ce gros pavé de 600 pages se lit facilement, et on y trouve un tas de conseils pratiques de pédagogie encore valables, surtout en ce qui concerne la petite enfance. Une soixantaine de pages exposent sa conception de la religion.La partie consacrée à Sophie, destinée à épouser Emile, est de nos jours inacceptable par son sexisme.

Ivan Illich, le 6 septembre

Ivan Illich (1926-2002), prêtre, universitaire, a mené toute sa vie une critique féroce des institutions, de toutes les institutions : l’école, la médecine, les transports…Obsédé par les dégâts de la société de consommation, de la vanité de l’industrie, convaincu que les soi-disant progrès techniques sont contre-productifs et aboutissent non pas au progrès mais à une régression, il prône une société sans école – même celles qui pratiquent une pédagogie libérale -, sans médecine (il mourut d’une tumeur qu’il refusa de faire soigner) et utilisant peu d’énergie, par exemple les modes de locomotion lents. Il est à l’origine des mouvement pour une « décroissance » qui ont connu un grand succès à la fin du siècle dernier.

Des idées qui ont toujours de l’intérêt, sont en tout cas stimulantes.

A lire :

les ouvrages d’Ivan Illich sont courts et faciles à lire.

« Une société sans école »  (coll. Points)

« Energie et équité » (edit. Arthaud Poche)

« la convivialité » (édit points, Ouvrage disponible dans la bibliothèque de la Chouette Noizéenne )

Pierre-Joseph Proudhon

L’anarchisme, l’autogestion, les mutuelles, les banques populaires, le microcrédit, les coopératives, l’économie solidaire : c’est lui. Il a inventé, au milieu du XIXème siècle, un modèle de société harmonieuse qui serait le socialisme sans être le communisme, le libéralisme sans être le capitalisme, fondée sur le principe de la liberté et de la justice.

« La liberté, partout et toujours » est son mot d’ordre, qui le fait combattre les pouvoirs, tous les pouvoirs – l’Etat, la propriété privée, les Eglises. Son objectif, qui le distingue du libéralisme : la justice sociale et l’éradication de la pauvreté.

Exprimées avec violence (il n’était violent que dans ses discours) ces idées lui ont valu la prison, le bannissement, l’hostilité des gouvernements, de Marx et des démocrates.

Quelle est aujourd’hui son influence, et quelles sont les limites de l’application de ses principes ?

 

Exceptionnellement le jeudi 19 avril à 18h30

 

Bibliographie

 

Pierre-Joseph Proudhon a écrit une quarantaine d’ouvrages, auxquels il faut ajouter un nombre considérables d’articles de journaux et de pamphlets, sans compter deux œuvres capitales publiées après sa mort.

On peut lire avec intérêt et facilement le livre qui l’a rendu célèbre «  Qu’est-ce que la propriété ?  » aux éditions Livre de Poche (ouvrage disponible à la bibliothèque de la Chouette Noizéenne)

Pour aller plus loin : « Liberté, partout et toujours « , un recueil de textes choisis et présentés (édition les belles lettres).

Henry Thoreau

En 1845 aux Etats-Unis Henry Thoreau, instituteur et précepteur, décide de se retirer d’une société qui le dégoûte pour de nombreuses raisons, en particulier sa fascination pour la consommation d’objets superflus. Il s’installe dans une cabane construite de ses propres mains et vit solitaire en autarcie, frugalement et refusant le moindre confort. Il raconte son expérience qui dura deux ans deux mois deux jours dans un livre qui est devenu la bible des adeptes du retour à la Nature et de la décroissance.

Quelles valeurs humaines justifient cette prescription de vie primitive et ce refus hautain de la civilisation et de la modernité ?

Jeudi 1er février à 18h30

Bibliographie

  • « Walden », publié en 1854, est le récit de son séjour au bord de l’étang de Walden   ouvrage disponible le 1er février dans la valise philosophique
  • « Histoire de moi-même », publié en 2017 est le recueil de conférences qu’il a faites pour « édifier ses contemporains »  ouvrage disponible le 1er février dans la valise philosophique
  • « La désobéissance civile », un court livre de 38 pages, est un plaidoyer en faveur de la liberté absolue de l’individu de décider de ce qui est bien, quels que soient les lois et le gouvernement.