Freud, le 3 mars

Notre prochain café philosophique le 3 mars nous fera faire une plongée dans le monde trouble de Sigmund Freud. Ce médecin autrichien (1859-1939) montra que l’explication de certains troubles mentaux d’une part se trouvait dans l’hypothèse de l’existence de processus inconscients, d’autre part que leur prise de conscience par le malade provoquait leur disparition. L’ »hypothèse » de l’inconscient était née, et allait révolutionner notre connaissance du psychisme, de la même manière que les découvertes de Copernic et de Darwin (c’est Freud qui le dit).

Notre « inconscient » devint le réceptacle obscur de pulsions morbides et de désirs inavouables dont l’origine était forcément sexuelle. Cette grille de lecture s’étendit à d’autres domaines, comme les faits sociaux ou la religion.

Méthode de traitement incontestable des névroses (la psychanalyse), elle repose sur des présupposés philosophiques, eux contestables ou en tout cas discutables : prédominance de la sexualité, déterminisme, conception négative de la nature humaine, morale bourgeoise du XIXème siècle, etc.

De quoi alimenter nos discussions le 3 mars !

 

Bibliographie

Les livres de Freud sont épais et touffus. Sont facilement abordables :

malaise dans la civilisation , édition Payot poche,  comment la civilisation repose sur la répression des instincts sexuels et leur sublimation

délire et rêve dans la « Gradiva » de Jensen, édition Gallimard poche,   analyse freudienne d’un petit roman d’amour du 19ème siècle

 

Confucius, le premier philosophe chinois

Pour cette première rencontre de 2022 nous allons plonger dans un monde totalement étranger à nos modes de pensée occidentaux : la Chine dans laquelle vécut Confucius au Vème siècle avant notre ère. Issu de l’élite des « lettrés » il fit partie des administrateurs sages et prudents, devint ministre puis se retira de la politique et se consacra à l’enseignement, qui fait épanouir les germes de bonté enfouis dans le cœur de tous les hommes. Son idéal n’est pas très différent de celui de la société chinoise : maintenir l’ordre par le respect des rites, faire de la piété filiale un devoir absolu. Mais il s’est attaqué aux multiples superstitions, et surtout a fait de l’humanité la vertu suprême.

Ce penseur pragmatique a-t-il quelque chose à nous apprendre ? Pourquoi fut-il autant combattu, censuré ? Et quasiment déifié par les successeurs de Mao ?

le 3 février, à 18h30 comme d’habitude à La Bonne Franquette.

Confucius a dit :

Un bon ministre est celui qui assure le bien-être du peuple avec générosité, et le fait travailler avec équité

Punir de mort au lieu d’instruire est de la tyrannie ; attendre qu’un travail soit fait sans donner de préavis est de l’oppression ; être lent à émettre des ordres mais prompt à exiger leur exécution est de l’arbitraire ; donner à quelqu’un son dû mais avec parcimonie est de la mesquinerie de petit employé

L’homme de bien est celui qui ne prêche pas ce qu’il faut faire, tant qu’il n’a pas fait ce qu’il prône

L’homme de bien n’a pas une attitude rigide de refus ou d’acceptation, le juste est sa règle

Respecter les démons et les dieux, mais garder ses distances avec eux

Platon : qu’est-ce que l’Amour ?

Une bande d’amis se retrouve le lendemain d’une beuverie; ils décident que ce soir il ne boiront pas bêtement mais en se fixant un thème . Ce sera : qu’est-ce que l’amour ?

Cinq orateurs se succèdent, vantant la joie d’avoir un amant, jeune et beau, car c’est là l’amour…

Socrate arrive et élève le débat, en citant les mots de la prophétesse Diotime. L’Amour d’un beau corps, certes, mais c’est un début. Dans sa recherche de l’amour absolu le sage, le philosophe, va aimer des beautés plus nobles : celles des esprits, des sciences, et par étapes le Beau en lui-même, dont la contemplation nous rend heureux pour l’éternité.

 

bibliographie :

Platon : Le Banquet (disponible en prêt à la bibliothèque de l’association)

HEGEL, le 4 novembre 2021

Le prochain café philosophique, consacré à Hegel (1770-1831), sera présenté par Jean-Paul Tran Thiet, avocat, philosophe de formation :

Hegel fait partie des philosophes dont la lecture est difficile. Mais sa pensée est puissante et diversifiée, non seulement sur les fondements de la sagesse et de la Science (thèmes de son œuvre majeure la phénoménologie de l’Esprit) mais aussi sur l’esthétique ou le droit.
Dans la préface de Principes de la philosophie du Droit, il a écrit l’une de ses phrases les plus célèbres : « ce n’est qu’au début du crépuscule que la chouette de Minerve prend son envol ».

Que signifie cette phrase qui évoque la chouette de Minerve, oiseau de la Sagesse et de la Raison, à laquelle fait écho la Chouette Noizéenne ? Hegel a-t-il seulement voulu souligner que le temps de l’action et celui de la réflexion doivent être séparés ? Ou considère-t-il aussi qu’il existe un « raison » dans l’Histoire ?

C’est ce que nous essaierons de définir lors de notre rencontre du 4 novembre

Jean-Paul Tran Thiet

Le 4 novembre à 18h30, café restaurant La bonne franquette

Lévi-Strauss , le 14 octobre

Le prochain café philosophique aura lieu jeudi 14 octobre au café-restaurant La bonne franquette, anciennement l’Antre-Potes.

Ce café sera consacré à examiner et débattre une des thèses de l’ethnologue et philosophe Claude Lévi-Strauss (1908-2009), représentant éminent du courant d’idées « structuralisme » qui voit dans toute réalité – les langues, les idéologies politiques, les religions – une structure identique et donc innée à la nature humaine. Lévi-Strauss a appliqué cette grille de lecture à l’ethnologie (étude sociologique des communautés humaines) : à travers l’incroyable diversité des mœurs, coutumes, croyances des peuples à travers le monde on peut lire une structure commune qui apparente finalement l’indigène du Matto Grosso et le viticulteur vouvrillon. Il n’y aurait donc plus de « sauvages » et la dignité d’Homme serait reconnue à tous. Fort bien. Mais ses arguments sont-ils solides ? et surtout, ne conduisent-ils pas à réduire la richesse de la diversité ?

A 18h30 comme d’habitude.

Les séances de ce dernier trimestre sont gratuites. Nous vous invitons à commander au moins une consommation.

Pass sanitaire exigé à l’entrée.

 

Bibliographie

Claude Lévi-Strauss : Tristes tropiques (édition Poches Pocket)

Race et histoire (edit Gonthier, bibliothèque médiations) : lumineux petit livre sur la richesse des cultures à travers le temps et l’espace

 

 

 

Les Cathares

Parler des Cathares aujourd’hui, en France, peut sembler intempestif. Qu’a à nous apprendre cette secte de chrétiens radicaux, qui au XIIIème siècle dans les Pyrénées pratiquait une morale rigoriste, prétendait établir le royaume de Dieu sur terre et subit le martyre plutôt que de renoncer à ses croyances ?

Poser la question en ces termes est une façon d’aborder la philosophie cathare, et peut nous amener à conclure avec effroi que le radicalisme, la simplification, le manichéisme sont des constantes de l’esprit humain et des groupes sociaux.

Cependant il y a plus intéressant à découvrir chez les Cathares. Une secte ? Pas vraiment. Aucune trace de fanatisme ni d’exclusion. Un idéal exigeant, qui combinait austérité et fraternité, mais ouvert à tous – « infidèles » bienvenus. Une relecture certes sélective des textes sacrés, mais après tout parfaitement fondée.

Ces deux angles d’attaque pourront animer les discussions de notre prochain café philosophique, le 9 septembre.

 

Bibliographie

Sur la philosophie cathare : René Nelli, « les phénomène cathare », édit. Privat

Sur l’histoire des Cathares : René Nelli, « la vie quotidienne des Cathares du Languedoc », édit. Hachette.

 

Moby Dick, combattre le monstre

Géant de la littérature et pourtant bien mal connu, Hermann Melville (1819-1891) laisse une œuvre complexe, couvrant de nombreux thèmes, que ce soit l’art de la navigation sous ses différents aspects, la description très précise de la faune et la flore des îles qu’il a visitées lors de ses longs périples océaniques, son amitié pour les peuples dits « sauvages » de Mélanésie, ses campagnes de chasse baleinière, et ses réflexions philosophiques sur l’homme, la destinée, le salut.

Son œuvre principale « Moby Dick » est traversée par tous ces thèmes, le principal étant la lutte éternelle de l’homme contre le mal absolu, symbolisé ici par un monstrueux cachalot blanc affronté jusqu’à la mort par le capitaine Achab et son équipage. Un drame shakespearien sur la passion des hommes, et en même temps une description superbe de l’Océan Pacifique.

Jeudi 1er octobre à 18h30

séance sur réservation   / complet

les philosophes femmes

La philosophie serait-elle masculine ? A lire la liste des philosophes, on pourrait penser que c’est une affaire d’homme.

Pourtant, elles sont nombreuses – un magazine spécialisé en a recensé 268 – celles qui ont pratiqué la recherche de la sagesse, la réflexion sur la place de l’homme dans l’univers, la quête du sens de la vie. Depuis Thémistocléa (600 avant JC) dont Pythagore fut un des disciples jusqu’à notre contemporaine Elisabeth Badinter, en passant par la princesse Palatine, Olympe de Gouges, Rosa Luxembourg elles écrivirent, inspirèrent, combattirent… et restèrent à l’arrière-plan quand ce ne fut pas dans l’oubli.

La Chouette noizéenne vous propose de consacrer le prochain café philosophique le 5 mars à découvrir quelques unes de ces philosophes, les idées qu’elles ont défendues, leur contribution au mouvement de pensée, et d’examiner la question qui en a hanté beaucoup : la philosophie des femmes est-elle forcément féministe ?

café philosophique le 5 mars à 18h30

De l’évolution des êtres

 

Au programme du prochain café philosophique : Charles Darwin (1809-1882).

L’immense mérite de Darwin est d’avoir formulé une théorie rendant compte de la variabilité naturelle des espèces, de la liaison entre les formes fossiles et actuelles, et de la filiation de tout le vivant à travers des millions d’années (des milliards, en fait !) d’évolution ; c’est la théorie de l’évolutionnisme. Pour Darwin, les espèces évoluent au hasard, des caractères héréditaires nouveaux apparaissant continuellement dans leurs populations : mais ces mutations ne sont pas dirigées, elles sont aveugles et peuvent aussi bien avantager que désavantager leur porteur ; il se fait donc une sélection parmi les membres de l’espèce, les mieux adaptés au milieu par le hasard survivant alors et donnant éventuellement naissance à une descendance viable.

Darwin avait compris que tous les êtres vivants partagent des ancêtres communs, formant un immense arbre généalogique, qui remonte aux origines de la vie sur terre.

La séance débutera par une présentation faite par un scientifique fin connaisseur des sciences de la nature, Michel Tranier, ancien directeur des Collections du Museum d’histoire naturelle de Paris.

Le 6 février à 18h30 au café-restaurant l’Antre-Potes, 39 rue de la République à Noizay.

le transhumanisme

Le transhumanisme est un mouvement qui croit en l’augmentation infinie des capacités de l’être humain. Grâce aux progrès indéniables des sciences, de la médecine, de l’informatique, on peut en effet envisager un accroissement de nos facultés mentales, de la résistance aux maladies, un allongement de la vie, etc. Certains sautent le pas et vont jusqu’à imaginer l’immortalité… et donc un nouvel « homme », transhumain. Après tout, pourquoi l’évolution découverte par Darwin devrait-elle s’arrêter à l’homme actuel ?

Un des précurseurs de ce mouvement fut le révérend père Teilhard de Chardin (1881-1955), paléontologue réputé et théologien controversé. Il défend l’idée que la Vie est née d’un processus de développement de la matière, et qu’à son tour elle a donné naissance à l’homme, donc à la conscience et à l’esprit. Il imagine que ce mouvement continu (quoique très lent) n’est pas terminé, qu’il apportera une amélioration indéfinie des organismes humains (secondée par la science), et s’achèvera dans une convergence de toutes les forces (matérielles, vivantes, spirituelles) dans un point « oméga » qui n’est autre que le Dieu chrétien.

Une théorie provocante qui a le mérite de l’originalité.

Le 5 décembre à 18h30, café-restaurant l’Antre-Potes, 39 rue de la République à Noizay.

 

bibliographie

Pierre Teilhard de Chardin : « le phénomène humain », éditions du Seuil, collection Points. Un ouvrage facile à lire, qui mêle exposés de paléontologie et envolées poétiques.

Francis Wolff : « trois utopies contemporaines », chez Fayard. L’auteur de « il n’y a pas d’amour parfait » analyse de façon très claire les croyances au transhumanisme (nous pouvons être comme des dieux) et à l’animalisme (il n’y a pas de grande différence entre les animaux et les hommes).