jubilé de la Chouette Noizéenne

Le 6 février 2020 nous avons fête le jubilé de la Chouette Noizéenne. Cela fait en effet 10 ans qu’a été créée l’association.

Dix ans d’existence d’un cercle de réflexion philosophique à Noizay, organisant 70 cafés philosophiques  dans le café-restaurant du bourg…

Brève histoire de l’association

Tout a commencé par une rencontre fortuite rue Nationale à Tours, entre un ancien professeur de philosophie et une de ses élèves devenue son amie. L’idée saugrenue leur est venue de lancer un café philosophique dans le village de Noizay. La création officielle de l’association la Chouette Noizéenne a eu lieu le 27 janvier 2010, au café-restaurant Les Rébines tenu par Eric. Autour des tables en formica, 8 personnes dont les fondatrices Aude, Lydie, Paule et une poignée d’amis tout étonnés de l’audace de l’entreprise, et somme toute soulagés de se voir si nombreux…

Nombreux, nous l’étions vraiment dix mois plus tard pour la première assemblée générale : l’association comptait déjà 39 adhérents. Et 56 l’année suivante. L’affluence aux cafés philosophiques mensuels était telle que la salle était trop petite, qu’on ne s’entendait plus – si bien que nous avons choisi de ne plus faire de publicité. La fermeture des Rébines a freiné cet élan. Heureusement la Chouette Noizéenne a pu revenir chez elle lorsque les époux Farineau ont repris l’établissement renommé L’ Antre-Potes et nous ont ouvert leurs portes. Nous fonctionnons depuis avec près de 50 membres fixes et un nombre important de « visiteurs ».

Dix ans de philosophes

L’originalité de la Chouette Noizéenne est de partir des idées de philosophes pour les examiner, les discuter, en voir la pertinence et les confronter avec notre monde.

En dix ans, nous avons ainsi ausculté 68 philosophes, d’Epicure à Francis Wolff en passant par des valeurs sûres comme Descartes, Freud ou Sartre, sans reculer devant la difficulté apparente de Leibniz ou Nietzsche, avec des incursions stimulantes dans l’ethnologie (Lévi-Strauss), l’économie (Marx, Proudhon), la religion ( l’islam, le Bouddha) ou la politique (Ivan Illich).

Certains ont remporté un si vif succès qu’il a fallu les bisser : Epicure, Socrate, Spinoza, les cathares, Rousseau, Nietzsche. 

Quelques orateurs sont venus parfois de loin pour nous apporter un éclairage original : Roger Jawish sur l’Islam, Michel Tranier (Darwin), Jean-Pierre Farnéa (CG Jung), Philippe Destuynder (la science), Richard Yung (Moby Dick).

Et des piqueniques … philosophiques ?

A chaque solstice d’été nous partons en randonnée sur un lieu mémorable, avec pour objectif de  déceler des significations « philosophiques » à ce qui ne l’est apparemment pas. Ainsi dans les BD de Tintin, Alice au pays des merveilles, la saga de Star Wars, Harry Potter, Léonard de Vinci…

La merveilleuse aventure de la Chouette Noizéenne                          ne fait que commencer

vive la philosophie !

 

merci  à tous les membres de l’association, et à Monique pour ses peintures et  la tenue de la bibliothèque

 

 

 

les philosophes femmes

La philosophie serait-elle masculine ? A lire la liste des philosophes, on pourrait penser que c’est une affaire d’homme.

Pourtant, elles sont nombreuses – un magazine spécialisé en a recensé 268 – celles qui ont pratiqué la recherche de la sagesse, la réflexion sur la place de l’homme dans l’univers, la quête du sens de la vie. Depuis Thémistocléa (600 avant JC) dont Pythagore fut un des disciples jusqu’à notre contemporaine Elisabeth Badinter, en passant par la princesse Palatine, Olympe de Gouges, Rosa Luxembourg elles écrivirent, inspirèrent, combattirent… et restèrent à l’arrière-plan quand ce ne fut pas dans l’oubli.

La Chouette noizéenne vous propose de consacrer le prochain café philosophique le 5 mars à découvrir quelques unes de ces philosophes, les idées qu’elles ont défendues, leur contribution au mouvement de pensée, et d’examiner la question qui en a hanté beaucoup : la philosophie des femmes est-elle forcément féministe ?

café philosophique le 5 mars à 18h30

De l’évolution des êtres

 

Au programme du prochain café philosophique : Charles Darwin (1809-1882).

L’immense mérite de Darwin est d’avoir formulé une théorie rendant compte de la variabilité naturelle des espèces, de la liaison entre les formes fossiles et actuelles, et de la filiation de tout le vivant à travers des millions d’années (des milliards, en fait !) d’évolution ; c’est la théorie de l’évolutionnisme. Pour Darwin, les espèces évoluent au hasard, des caractères héréditaires nouveaux apparaissant continuellement dans leurs populations : mais ces mutations ne sont pas dirigées, elles sont aveugles et peuvent aussi bien avantager que désavantager leur porteur ; il se fait donc une sélection parmi les membres de l’espèce, les mieux adaptés au milieu par le hasard survivant alors et donnant éventuellement naissance à une descendance viable.

Darwin avait compris que tous les êtres vivants partagent des ancêtres communs, formant un immense arbre généalogique, qui remonte aux origines de la vie sur terre.

La séance débutera par une présentation faite par un scientifique fin connaisseur des sciences de la nature, Michel Tranier, ancien directeur des Collections du Museum d’histoire naturelle de Paris.

Le 6 février à 18h30 au café-restaurant l’Antre-Potes, 39 rue de la République à Noizay.

le transhumanisme

Le transhumanisme est un mouvement qui croit en l’augmentation infinie des capacités de l’être humain. Grâce aux progrès indéniables des sciences, de la médecine, de l’informatique, on peut en effet envisager un accroissement de nos facultés mentales, de la résistance aux maladies, un allongement de la vie, etc. Certains sautent le pas et vont jusqu’à imaginer l’immortalité… et donc un nouvel « homme », transhumain. Après tout, pourquoi l’évolution découverte par Darwin devrait-elle s’arrêter à l’homme actuel ?

Un des précurseurs de ce mouvement fut le révérend père Teilhard de Chardin (1881-1955), paléontologue réputé et théologien controversé. Il défend l’idée que la Vie est née d’un processus de développement de la matière, et qu’à son tour elle a donné naissance à l’homme, donc à la conscience et à l’esprit. Il imagine que ce mouvement continu (quoique très lent) n’est pas terminé, qu’il apportera une amélioration indéfinie des organismes humains (secondée par la science), et s’achèvera dans une convergence de toutes les forces (matérielles, vivantes, spirituelles) dans un point « oméga » qui n’est autre que le Dieu chrétien.

Une théorie provocante qui a le mérite de l’originalité.

Le 5 décembre à 18h30, café-restaurant l’Antre-Potes, 39 rue de la République à Noizay.

 

bibliographie

Pierre Teilhard de Chardin : « le phénomène humain », éditions du Seuil, collection Points. Un ouvrage facile à lire, qui mêle exposés de paléontologie et envolées poétiques.

Francis Wolff : « trois utopies contemporaines », chez Fayard. L’auteur de « il n’y a pas d’amour parfait » analyse de façon très claire les croyances au transhumanisme (nous pouvons être comme des dieux) et à l’animalisme (il n’y a pas de grande différence entre les animaux et les hommes).

Max Weber : l’anti-Marx

Le philosophe allemand Max Weber (1864-1920) a révolutionné la sociologie, jusque là dominée par une approche mécaniste et matérialiste héritée du marxisme. En schématisant, on pensait que les idées (opinions politiques, croyances religieuses, arts) étaient le reflet des réalités matérielles, sociales, économiques. Qu’elles venaient après, en étaient parfois le produit, mais n’avaient pas en elles-mêmes d’efficacité. « C’est une doctrine simpliste » affirme Max Weber, pour qui tous les éléments de la vie sociale entrent en interaction les uns avec les autres – ce qu’on appelle une sociologie compréhensive.

Il a magistralement donné une démonstration de sa méthode dans son œuvre principale, « l’éthique protestante et l’esprit du capitalisme ». Il y démontre, preuves historiques à l’appui, que sans Luther et Calvin, sans le dogme de la prédestination et les injonctions à mener une vie sobre et austère, l’accumulation du capital et la docilité de la classe ouvrière n’auraient pu se produire.

C’est l’exact contre-pied du matérialisme historique.

Le café philosophique du 7 novembre sera l’occasion d’examiner ces thèses et d’en débattre. Et de se demander comment elles s’exprimeraient aujourd’hui.

Jeudi 7 novembre à 18h30

Café-restaurant l’Antre-Potes, 39 rue de la république à Noizay

 

Bibliographie

 

« l’éthique protestante et l’esprit du capitalisme », chez Plon. Un gros bouquin mais facile à lire, si on néglige la quantité de notes en bas de page, et passionnant

 

« le savant et le politique », l’autre œuvre de Max Weber. Réflexion sur les deux attitudes face aux réalités sociales : militantisme ou responsabilité, et leurs conséquences sur les choix moraux.

il n’ y a pas d’amour parfait …

Ah, l’amour ! On le reconnaît à coup sûr, mais bien difficile de le définir, comme le reconnaît Francis Wolff, professeur émérite au département de philosophie de l’Ecole Normale Supérieure de la rue d’Ulm. Il est fait de tendresse, d’émotions, d’amitié, de sexe, de passion, de délices et de tortures. Le philosophe a distingué trois composantes de l’amour, qui se combinent – ou non. Pas toujours trois, parfois seulement deux, et pas toujours les mêmes au cours de la vie amoureuse. Bref un équilibre instable …

Jeudi 3 octobre à 18h30

café-restaurant l’Antre-Potes, 39 rue de la République à Noizay.

bibliographie

oeuvres de Francis Wolff, toutes publiées chez Fayard :

  • « il n’y a pas d’amour parfait »
  • « trois utopies comtemporaines »
  • « pourquoi la musique ? »

 

Kierkegaard : quelle vie choisir ?

Comment donner un sens à sa vie ? Comment choisir entre toutes les vies possibles  – celle d’un dandy, d’un mari fidèle, d’un religieux ? Le danois Soren Kierkegaard (1813-1855) a éprouvé la difficulté du choix, le premier qu’il a affronté étant d’épouser ou non la femme qu’il adorait.  Il a été rongé par l’angoisse de ne pas savoir, et souffert d’une profonde mélancolie, nom que l’on donnait alors à la dépression.

Ces thèmes annoncent avec un siècle d’avance l’ « existentialisme » de Jean-Paul Sartre et de ses contemporains. Mais l’apport et l’originalité de Kierkegaard est d’avoir défini trois « stades »  de l’existence humaine, qui sont comme des modes de vie, des styles de comportement : le stade esthétique (recherche des plaisirs), le stade moraliste (pratique du devoir) et le stade religieux.

Jeudi 6 juin à 18h30, café-restaurant l’Antre-Potes, 39 rue de la République à Noizay

Pythagore : le nombre explique tout

Ouf ! Avec Pythagore, le 4 avril, nous plongerons dans l’harmonie, et même l’harmonie universelle. De Pythagore nous connaissons un fameux théorème – mais il fut bien plus qu’un mathématicien de génie, quoique sa conception du monde, de la divinité, de la justice, sa théorie de la musique, son explication du mouvement des planètes, soient basées justement sur les mathématiques : le Nombre et les rapports entre le Pair et l’Impair gouvernent le cosmos.

Mathématicien certes, mais aussi philosophe (c’est lui qui inventa le mot) et mystique, chef d’une congrégation religieuse et école de pensée où régnaient la concorde et l’harmonie. Ses idées ont irradié le monde grec (Platon lui doit beaucoup) et le début de notre ère ; ses intuitions scientifiques ont été confirmées, huit siècles après, par Copernic puis d’autres savants.

A la lumière de ses réflexions, même le fameux théorème prend un sens inattendu et peut susciter l’enthousiasme…

Bibliographie

« Pythagore et l’harmonie des sphères », par Simone Jacquemard (édit du Seuil). Un ouvrage lyrique sur Pythagore. (disponible dans la bibliothèque de l’association)

populisme et démocratie, le 7 mars

Le prochain café philosophique aura lieu le jeudi 7 mars

Il sera consacré à l’examen de deux formes d’organisation de la vie politique : la démocratie représentative et le populisme. Il s’agira d’analyser les composantes du populisme, qui a déjà émergé en France dans le passé et auquel plusieurs Etats européens ont recours depuis peu. Pourquoi ? quelles sont ses racines ? sa force ? les raisons de la violence qu’il emploie ? Est-il « de gauche » ou « de droite » ? quel sens a l’appel du « peuple » contre l’Etat ? Comment peut aboutir son affrontement avec la démocratie parlementaire ?

Ces questions semblent surgir de l’actualité récente, mais elles ne datent pas d’hier. Spinoza lui-même a décrit en 1670 le phénomène du populisme, et de nombreux philosophes (Machiavel, Toqueville, Marx, Proudhon, Carl Schmitt…) ont réfléchi à l’articulation entre le peuple et le pouvoir central.

Nous leur demanderons leur aide afin de comprendre notre temps, ce point de vue évitant de tomber dans des débats « politiques ».

Jeudi 7 mars à 18h30, au café-restaurant l’Antre-Potes, 39 rue de la République à Noizay

Bibliographie

Brève introduction au populisme, par Cas Mudde et Cristobal Rovira Kaltwasser (édit de l’Aube). Une présentation simple des caractéristiques du populisme à travers le monde (ouvrage disponible dans la bibliothèque de l’association)

 Grammaire de la multitude, par Paolo Virno (éditions de l’Eclat et Conjonctures). Analyse passionnante des thèmes et de la stratégie du populisme

Pour un populisme de gauche, par Chantal Mouffe (édit Albin Michel). Comme son titre l’indique, un ouvrage engagé, mais dont les thèses, bien que polémiques, sont stimulantes. Lecture plus ardue.

Ces trois auteurs sont des professeurs de philosophie en activité.

 

 

 

C.G.Jung et l’aventure de l’inconscient

La séance du 7 février 2019 sera consacrée au philosophe C.G.Jung, fondateur d’une théorie de la psychanalyse différente de celle de Freud.

Pour nous en parler nous avons fait appel à Jean-Pierre Farnéa, pédopsychiatre à Tours. Voici comment il nous présente son intervention.

« Je vais essayer dans mes propos,  de vous présenter  » un  cheminement vers JUNG, une rencontre avec JUNG, une aventure avec JUNG « , en le replaçant dans « un contexte philosophique, phénoménologique et psychanalytique», et en insistant sur » sa spécificité« ; le  but est peut-être d’éveiller votre  curiosité, de mieux le comprendre, et  susciter le désir d’ouvrir des livres, en somme, de susciter « un désir de JUNG« , et peut-être comme moi de « s’imprégner de JUNG » (lecture de son autobiographie « ma vie », proximité de pensée, sentiment de partager avec lui ce qui me semblait inexprimable :il y a  les mots et l’indicible).

Mais parler de JUNG nécessite quelques préalables indispensables :pour comprendre et accéder à  JUNG, il nous faut évoquer FREUD  , comprendre les  notions  « d’inconscient» , donc de « conscient ou conscience » ,  la notion de «  psyché» qui ouvre le champ de« l’être ou la dimension ontologique du sujet » et donc  la notion de  « corps, esprit et âme » ; ces notions nous conduisent alors vers «  le champ de la spiritualité,  de la gnose, et de la religiosité » (chers à JUNG), et vers les concepts « d’immanence et de transcendance » .

Nous voilà ainsi confrontés  à un  « océan de concepts, de mots  et donc d’auteurs potentiels», qui vont nous éclairer sur JUNG : ses idées, ses théories, et en particulier « la notion d’inconscient individuel et d’inconscient collectif, la notion d’archétypes, la notion de processus d’individuation, la notion du Soi ou encore la notion  d’Imago-DEI

Je souhaite également   à travers mes propos que se rencontrent les champs de la philosophie et de la psychanalyse, où apparaissent quelques points communs de réflexion : la première s’abreuve à des concepts universels s’appuyant sur une forme de rationalité, la seconde procède du particulier, explorant les méandres de notre psyché dans ce qu’elle peut avoir de plus irrationnel.

J’aborderai donc successivement les points suivants : 1. LA PUISSANCE DE LA PENSEE : du « COGITO » de DESCARTES à l’  « INCONSCIENT » de FREUD 2. CONSCIENT ET INCONSCIENT COMME CONCEPT DE «  COMPLICITE ET PARTAGE D’UN SECRET » AU CŒUR DE LA PSYCHE 3. LE PRINCIPE TERNAIRE QUI REGIT LE FONCTIONNEMENT DE NOTRE ETRE : « Corps-Ame-Esprit »ou la PSYCHE comme incursion dans l’anthropologie philosophique, et comme lieu et moteur de la dimension métaphysique et ontologique du sujet 4. L’APOTHEOSE ET LA PERTINENCE JUNGIENNE ET SES CLES.

Je terminerai en insistant sur les perspectives actuelles  et modernes que peut nous offrir  JUNG. »

bibliographie

« ma vie » (souvenirs , rêves et pensées) 

  » l’homme et ses symboles » 

 « psychologie et alchimie » 

 l’âme et la vie » 

  « dialectique du moi et de l’inconscient » (disponible dans la bibliothèque de la Chouette)

  « le livre rouge »  …