Averroès vécut à Cordoue au XIIème siècle, au sein de la riche et cultivée province arabe d’Andalousie. Eminent juriste et savant, il fut « cadi » et médecin personnel des sultans, mais surtout auteur d’une quantité d’ouvrages sur Aristote, qui permirent à l’Occident de découvrir la philosophie grecque. Sa réputation et son influence ont duré des siècles, tout comme celles de ses contemporains Avicenne, autre philosophe arabe, et du juif Maïmonide.
Mais le vent tourna et les critiques démolirent son œuvre. Lui-même fut accusé d’hérésie, forcé à l’exil (au Maroc) et ses livres brûlés : les Almohades, la nouvelle dynastie régnant en Andalousie, lui reprochaient sa tolérance et son infidélité au Coran originel. Quant aux universités européennes et à la Papauté elles en interdirent la diffusion, redoutant le danger pour le christianisme de sa théorie de l’«intellectuel séparé ». Derrière ce curieux concept, l’affirmation que notre pensée est une partie, une émanation d’une pensée globale et universelle. Une idée toute moderne, dont nous pourrons voir les implications.
Dans le monde arabe la fin d’Averroès sonna la fin de la réflexion philosophique et du développement scientifique. Mais son nom continue à résonner – ainsi le « programme Averroès » est l’équivalent arabe de notre « programme Erasmus ». Un bel hommage.
Le jeudi 6 mars à 18h30, au café-restaurant La Bonne Franquette, 39 rue de la République à Noizay